Scène de susceptibilité
Hier soir, dixième répétition de théâtre, en qualité de metteur en scène. Mise en scène de F, mon ex, ce contraire de moi, mon opposé en tout, avec lequel j'ai pourtant passé 4 ans et demi de vie intense, forte en rebondissements, en disputes violentes, en bouderies diverses. A côté, la vie avec Noé me semble une rivière apaisée, lente et paresseuse, sans soubresaut. La vie de F avec son copain depuis notre rupture semble avoir pris les mêmes orientations tranquillisantes.
F n'aime pas être dirigé. F est cadre, a du succès, est appelé à un avenir professionnel brillant. F n'a jamais aimé qu'on lui impose quelque chose. Bref, F a toujours eu du mal avec ses metteurs en scène. Mais il se trouve que cette année, son metteur en scène est en plus son ex, celui avec lequel il a vécu une relation sinon passionnée, du moins turbulente.
Alors, F jouant mal hier soir, il a attaqué la méthode de mise en scène. Je me suis retrouvé défendu par les quatre autres acteurs, pitoyable, n'osant trop répliquer. Il n'attendait que ça, une réplique de ma part, pour lancer les hostilités rampantes, larmoyantes, putrides.
Il m'a rappelé tard dans la nuit pour m'expliquer ce qui le dérangeait dans ma méthode. Il pensait que je lui faisais la gueule. Il m'a invité à manger la semaine prochaine.
Je ne lui faisais pas la gueule, j'avais juste réalisé que ses critiques étaient parfaitement fondées. Il avait raison. Et ça, jamais je ne le reconnaîtrai !